Etude sur le rapport de la génération Z au numérique et aux données de santé à caractère personnel

Avec trois adolescents à la maison, le sujet du numérique prend souvent sa part dans les échanges familiaux. Chez nous, le choix de la liberté numérique a été acté depuis longtemps. Chacun dispose d’un PC librement connecté à Internet, d’un smartphone, de comptes Facebook, Twitter, Instagram et Snapchat, entre autres.

Des applications de quantified-self accompagnent les activités sportives et parfois les phases de « régime alimentaire ». En contrepartie de cette liberté, ce sont les principes d’échanges, de pédagogie et de communication qui régulent les usages. Notre métier dans les technologies numériques nous permet de disposer d’un argumentaire solide et d’offrir à nos ados la cartographie des risques de la toile.

Le service proposé, si possible gratuit, contre mes données personnelles.

C’est lors des séquences d’échanges que j’ai rapidement fait le constat d’une certaine légèreté relative aux données produites sur Internet, qu’il s’agisse de photos, de vidéos, de textes ou de rapides commentaires. Ce que je croyais être un déficit de conscience n’est en réalité qu’un deal assumé entre un service proposé et son alimentation en données diverses. A la question : et si l’usage des objets connectés de santé et applications associées permettait aux compagnies d’assurances et aux mutuelles d’appliquer un bonus / malus tarifaire en fonction des données de comportement récoltées via les applications « sportives » ou « nutritives » ? La réponse est directe : quoi de plus normal. Si je prends soin de moi, il est logique que je contribue de façon minorée au système de soins, versus un assuré qui se laisse aller. Dont acte. Les assureurs qui se lancent dans cette voie auront donc des clients dociles. A la question : quid des données déposées durant des années sur les réseaux sociaux et autres plates-formes et qui constitueront, dans un futur proche, un « CV numérique » détaillé ? La réponse est à nouveau claire : à chacun de faire attention aux traces laissées, « il y aura une appli pour ça » et enfin, cette notion de transparence assumée. Après tout, chaque individu aura un passé ou « passif » sur le Web, et les comportements de l’adolescence, sauf excès manifeste, n’auront que peu d’impact sur l’entrée dans la vie professionnelle. Ces débats sont sans fin et la façon de penser de la nouvelle génération, baignée dans le numérique, transforme notre rapport assez traditionnel et conservateur, à la notion d’intimité, celle-ci devenant relative.

En mai 2015, souhaitant aller plus loin et étendre la discussion à un panel plus important d’adolescents, j’ai demandé au Lycée Robert Garnier de la Ferté-Bernard de m’accueillir, proposant de délivrer huit séquences de sensibilisation à la cybersécurité. En contrepartie, les étudiants ont accepté de répondre à un questionnaire de seize items, devant permettre de mesurer leur sensibilité à la confidentialité des données personnelles en général et de leurs données de santé en particulier. Je tiens à remercier le Lycée Robert Garnier, ses élèves, ses enseignants et son Proviseur adjoint, Monsieur Jean-Clovis POUNGUI, pour la qualité de leur accueil et de leur intérêt pour cette initiative de l’APSSIS.

C’est le résultat de ce projet qui est proposé dans ce document. Une fois les données recueillies traitées et mises en forme, nous avons demandé à des experts d’en prendre connaissance et de proposer leur analyse des résultats. Qu’ils soient remerciés de leur disponibilité.

L’APSSIS inscrit son action dans le processus d’acculturation de notre jeunesse, d’ores et déjà usagers d’un système de santé en pleine mutation technologique. Les conclusions de cette étude doivent nourrir notre réflexion et apporter quelques paramètres issus du réel à la conception traditionnelle que nous avons de la confidentialité. Il semble que le deal sera simple : la mise à disposition des données est par principe acquise, en fonction du bénéfice qu’apportera l’application collectrice. Nous serons tracés, géolocalisés et nos données intimes seront agrégées par des plates-formes privées, mais nous serons d’accord, car le retour sur investissement nous sera favorable. Il est également certain que la nouvelle génération prendra conscience de la valeur de ses données personnelles et décidera de les monnayer... Après tout, si la matière ce sont les données, ne serait-il pas légitime de rémunérer leur production ?

Vincent TRELY

Télécharger l'étude

Partager ce document sur les réseaux

?>